Crise du COVID-19. Année 2020...

 

Le lien social et la responsabilité à l'égard du futur sont plus que jamais nécessaires.

 

Les étudiants de Bachelor et de Master sont confinés depuis plusieurs semaines et les cours ne reprendront pas avant septembre 2020. Ils ont maintenant compris qu'il faudrait au minimum 18 mois pour revenir à une situation à peu près normale, et qu'ensuite suivrait une récession historique.

 

Aujourd'hui, ils ne savent pas comment maximiser les 8 à 18 mois d'études qui leur restent pour être en mesure de participer à l'économie et à la société. 

 

Les dirigeants d'entreprises membres et amis de l'OVSM soucieux de les rassurer - sans complaisance -, mais aussi de les appuyer dans leur démarche, se sont exprimés.

 

Le texte collaboratif ci-dessous a été réalisé le 13 avril 2020 par discours entrecroisés de dirigeants membres de l’Association OVSM.

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« Que dire aux étudiants ? Excellente question… excellente… »

 

 

Le contexte

 

Il y aura un avant et un après-pandémie, mais il ne faut pas se laisser abuser à croire que tout va changer. Nous faisons face à une crise profonde, qui va se traduire par une récession historique, une explosion du chômage et des faillites, une baisse du niveau de vie. Mais, ce ne sera pas une nouvelle crise de 1929 (qui ne fut surmontée qu’avec la guerre) : (a) le réflexe protectionniste est beaucoup moins présent aujourd’hui, (b) l’environnement de taux d’intérêt est infiniment plus bénin, (c) le système financier est bien plus robuste grâce aux mesures prises suite à la crise financière de 2008.

 

N'oublions pas que ce n'est pas non plus une guerre et les machines/outils/capital ne sont pas détruits, mais toujours présents et en état de fonctionner. Et puis, il faut croire en cette incroyable capacité qu’à notre gouvernement à se mobiliser efficacement pour répondre à l’urgence de trésorerie pour nos entreprises, et la capacité des banques de suivre ce plan en quelques jours.

 

Et ce ne sera pas la fin de la mondialisation, car les réalités économiques et industrielles sont ce qu’elles sont. Ce qui va changer, par contre, sera une approche plus prudente vis-à-vis des chaînes de valeur industrielles et probablement une relocalisation de certaines activités.

 

Par contre, focalisé sur le court terme, on oublie souvent les dégâts que le coronavirus causera dans les pays pauvres, qui pourraient être dramatiques. Et, si le monde en développement s’écroule, avec ce que l’on y connaît de violence pour s’approprier le peu de capital qui subsiste, c’est bien notre civilisation et notre système économique qui seront aussi en grand danger.

 

Alors dans les entreprises, le "Corporate Social Responsibility" va devoir quitter les rives du « bien-penser-pour-entreprises-soucieuses-de-leur-image ». Le CSR va entrer dans du vrai développement de projets d’envergure au service des communautés qui sont hors-jeu (les individus pauvres et les pays en développement), dont les business model auront été détruits ou fortement endommagés.

 

Les défis des étudiants

 

La grande majorité de nos étudiants a compris la fragilité de notre environnement et de notre société.  Ils vivent aujourd’hui, en accéléré, une vraie leçon de vie, dans laquelle se posent beaucoup de questions sur la hiérarchie des valeurs et sur le sens profond de la vie.

 

Nous aurons tous appris à reconnaître des professions peu valorisées jusque-là, dont le courage assure la survie de nos sociétés en périodes de crise. Nous aurons vécu chez nous ce que les pays nettement moins avantagés connaissent depuis longtemps : la société, la civilisation tient parce qu’il y a un réseau étroit de personnes qui sont dans le don, dans le « care ». Il y aura effectivement un ‘après’ un peu plus juste, plus solidaire et plus respectueux de notre planète. Nous ne pourrons pas retomber dans nos anciennes habitudes de consommateurs. Il nous faut repenser nos objectifs d’intervention en éducation durable. Il ne suffira pas de faire quelques dons une fois par an pour se donner bonne conscience.

 

Cette grande crise est aussi une formidable opportunité d’apprendre pour nos étudiants. Surtout s’ils sont en fin d’études, donc capable de déchiffrer ce qui est en train de se dérouler sous leurs yeux. Mais c’est vrai également pour nos jeunes collaborateurs en début de carrière encore en position d’observateur et pas encore de décideur sous pression.  Car la crise actuelle est pour nous, dirigeants, d’une violence inouïe. Nous n’avons jamais eu autant de travail pour la gérer que depuis qu’il n’y a plus d’activité…

 

En termes de perspectives d’emploi, cela signifie probablement que l’industrie dans nos pays européens aura à l’avenir plus de potentiel qu’on ne le pensait, ce qui rouvre le jeu dans la concurrence entre industrie et services pour les jeunes diplômés. L’objectif ne sera pas tant de « faire du chiffre » que de maintenir un lien avec nos clients et proposer des alternatives locales et de proximité. Il ne s’agira pas de laisser les GAFA s’approprier nos clients. De nouvelles compétences vont naitre aux plans individuels et collectifs et de nouveaux métiers vont émerger loin des services « à la mode » que nous avons connus.

 

Les prochains mois ne vont peut-être pas être très drôles pour ces jeunes, mais dans vingt ans ils seront très fiers d’avoir contribué à construire un monde dans lequel ils auront réussi. Car en très peu de temps, ils auront évolué dramatiquement et seront passés d’une insouciance compréhensible à ce stade de leur vie à un vrai sens des responsabilités. Ils seront devenus, pour beaucoup, de vrais acteurs dans la société au travers d’actes de volontariat.

 

Les moyens d'action des étudiants

 

Nos étudiants ont l’avantage d’être à la charnière de deux époques et de connaître les avantages et les faiblesses de celle qui s’achève. 

 

  • Au plan intellectuel, nous leur recommandons d’être curieux de tous les tenants et aboutissants de cette crise. Et ce, même si certains sujets peuvent sembler ardus, par exemple la politique monétaire et la gestion de la liquidité par les banques centrales. Ils doivent lire attentivement la presse économique et financière et les analyses publiées et se faire expliquer ce qu’ils ne saisissent pas. Il n’y a aucune honte à ne pas comprendre, il y en aurait à ne pas se surpasser.

 

  • Sur le plan des compétences, ils doivent être persuadés qu’ils auront à gérer d’autres crises et d’autres récessions au long de leur parcours professionnel. Il leur faudrait donc :
    > Mettre les 18 prochains mois à profit pour apprendre à bien se connaître eux-mêmes, leurs émotions, leurs envies profondes et leurs valeurs.
    > Avoir une conscience claire de leurs responsabilités à l’égard de toutes les personnes qui constituent notre société.
    > Devenir de véritables entrepreneurs dotés d’une attitude volontaire et civique qui leur permettra de façonner leur avenir. Imaginer sans complexes le positif (ce qu’ils aimeraient ; comment ils espèrent leur futur) et en exclure le négatif (ce dont ils ne veulent pas ou plus pour eux-mêmes et pour la société).

Nous, dirigeants, savons que les étudiants auront des doutes sur l’avenir économique et les difficultés à court terme pour trouver des stages ou des emplois. C’est notre rôle de les rassurer sur la capacité des institutions et de l’économie à rebondir et à se réinventer.

 

Nous croyons en eux, en leur capacité à pouvoir évoluer en fonction des nouvelles opportunités.

 

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