Le pôle méthodologique

 

 

Le chercheur est le premier des « instruments » d'appréhension de la réalité de recherche… A ce moment de la recherche, l'objet spécifique de recherche a été cerné et les positions ontologiques et épistémologiques du chercheur déterminées en fonction de ce qui lui conviendra le mieux, ou qui conviendra le mieux à son objet de recherche. Il lui reste à se déterminer au niveau des trois questions ci-dessous.

 

Premier choix : posture émique ou posture étique ?

 

Nous choisirons l’une ou l’autre de ces postures selon le sujet de recherche que nous investiguons. Souvent, nous utilisons les deux dans la même recherche (cf. Une stratégie de recherche constructiviste appliquée aux services culturels : l’exemple du Musée Olympique, de son concept et de ses profils types de visiteurs, Bergadaà, 2006).

 

- L'approche étique est celle de l'observateur qui analyse les faits et les comportements de l'extérieur, afin de les intégrer en une interprétation ou explication. Ici le chercheur raisonne en termes du "comment" des éléments. Généralement le modèle intégratif a une volonté d'exhaustivité et d'exclusivité des composantes.

 

- L'approche émique consiste à essayer de reproduire la signification ou les significations que donnent les acteurs eux-mêmes de leur action et aux événements qui les touchent. Le chercheur se met soit « à la place de l'acteur » et « vit » ses explications de manière phénoménologique, soit il cherche à reproduire fidèlement en fonction des grilles de lecture de l'acteur. Généralement, son modèle intégratif a une inspiration holiste qui consiste à ne pas séparer les éléments de la « toile de fond » environnementale dans laquelle ils se situent.

 

Deuxième choix : déduction ou induction ?

 

Sans hésiter, nous optons pour l’induction :

 

- Si Bacon, puriste, suggérait de revenir aux données en dehors de toute conceptualisation afin de pouvoir induire des réseaux de signification, nous cherchons quant à nous surtout à reproduire la signification (ou les significations) que donnent les acteurs eux-mêmes de leur action et des événements qui les touchent. Ensuite, un modèle plus global et intégratif peut être proposé. Nous sommes, ce faisant, parfaitement conscients de ne pas savoir déterminer dans quelle mesure des résultats de recherche que nous obtenons par un processus d’induction, résultats nés de l’empathie du chercheur, peuvent être généralisables à d’autres êtres humains et à d’autres chercheurs.

 

Troisième choix : comprendre, décrire, expliquer ou prédire ?

 

- Nous ne procédons pas par explication ou prédiction. L’explication est un mode de travail qui propose une série de clichés successifs permettant de déduire le dynamisme sous-jacent à des faits et à des réalisations. L’explication se fonde sur la proposition d’hypothèses procurant un sens à la liaison entre les faits reconnus comme significatifs. La prédiction a pour objectif de suggérer une projection des tendances observées dans le futur. Ces méthodes sont valides lorsque que l’on travaille dans un contexte de justification ; ce qui n’est pas notre cas.

 

- La description est une démarche qui nous convient, car elle s’apparente à celle du photographe désirant fixer une image à un certain point dans le temps. La description se fonde sur la recherche de faits, la reconnaissance de liens entre ces éléments et de leur force. Elle présente l’avantage de structurer la réalité, de classer et d’ordonner les éléments. Elle permet, avec une vue aussi précise et complète que possible de la situation, de déduire les principales forces internes et externes agissant sur l’acteur et/ou l’organisation. Pour réunir les données et les présenter de manière opérationnelle, l’analyste ne doit pas laisser de place à la subjectivité. Son travail consiste ensuite à distinguer les éléments qui relèvent de faits et ceux qui ne sont encore que des hypothèses. Bien sûr, puisqu’il s’agit d’une photographie statique, elle ne permet pas au chercheur de proposer des leviers d’actions ou de décision.

 

- L’analyse compréhensive est un de nos modes de recherche favoris, car elle permet d’aller au-delà des faits ou des hypothèses. La compréhension repose sur un doute permanent quant aux liens unissant des événements et sur la quête des signes sous-jacents aux explications. La question de l’analyste n’est plus « comment cela se produit-il ? » mais « pourquoi cela se produit-il ? ». L’analyste ne cherche plus des causes ; il poursuit des raisons. Il ne veut pas déduire des liens formels selon une logique préétablie ; il souhaite induire de ses observations les significations du mode de comportement des acteurs. Il ne cherche pas à extrapoler du passé les tendances pour le futur ; il se place dans un contexte de découverte pour entendre les acteurs donner leur appréciation de l’histoire.

 

© Bergadaà, 2002

 

Nos publications les plus significatives sur ce thème :

Une stratégie de recherche constructiviste appliquée aux services culturels : l’exemple du Musée Olympique, de son concept et de ses profils types de visiteurs, Recherches et Applications en Marketing, 2006.

 

• Recherche en Marketing : un état des controverses, Recherches et Applications en Marketing, 1992.